Financé sur trois ans par la Fondation du Domicile, le projet était porté par l’association Hal’âge et mené en étroite collaboration avec des chercheurs de différentes disciplines, coordonnés par Anne Labit, sociologue de l’Université d’Orléans, spécialiste de l’habitat. L’Agence Nouvelle des Solidarités Actives était mobilisé pour un accompagnement sur le volet méthodologique.
Projet
Inventer de nouvelles façons d’habiter dans la vieillesse
Éléments de contexte
Avec le vieillissement de la population, les réflexions sur les modes de vie et l’habitat des personnes âgées sont de plus en plus présentes. Le premier des modes d’habitation est le domicile personnel, où les Français souhaitent aujourd’hui, dans leur large majorité, vieillir. Différentes formes d’habitat dites « intermédiaires », entre domicile et établissement, se sont développées ces dernières décennies, comme les résidences services.
À côté de cette offre marchande, a émergé une offre d’habitat davantage portée par le secteur associatif, le plus souvent en partenariat avec les collectivités locales et les bailleurs sociaux, que le législateur regroupe sous le terme d’habitat inclusif, caractérisé par un modèle d’accompagnement du vieillissement fondé sur le respect de l’autonomie des personnes, leur éventuelle participation à la conception et la gestion de ces solutions, la solidarité entre elles, l’appui de proches aidants professionnels ou non.
Ces formules, visent aussi à être accessibles aux catégories les plus vulnérables, bien souvent des femmes, en situation de fragilités financières et/ou sociales (solitude, voire isolement).
Le projet RAPSODIA est une recherche-action participative qui vise à observer et mobiliser les acteurs (habitants chercheurs) de 6 terrains engagés dans un projet, plus ou moins abouti, d’habitat participatif et inclusif, pour réfléchir à la façon dont ces nouvelles formes d’habitat peuvent contribuer à créer les conditions d’un vieillissement différent, notamment à travers des solidarités et des formes d’entre-aide nouvelles. La démarche conduit à penser autrement l’habitat dans la vieillesse. Elle conduit à observer et décrypter une innovation sociale, et vise une transformation institutionnelle.
En synthèse, ce projet vise à étudier :
- Qui sont les personnes qui s’inscrivent dans un projet d’habitat innovant dans la perspective d’y vieillir ? Quelles sont leurs attentes et motivations ?
- À quelles conditions parviennent-elles à s’organiser pour imaginer et mettre en œuvre un habitat qui leur convienne ?
- Quelles sont les conséquences de ces nouveaux modes d’habiter sur l’accompagnement des personnes vieillissantes par leurs aidants (professionnels, famille, cohabitants, voisins, bénévoles) ?
- Comment la perte d’autonomie est-elle envisagée et/ou accompagnée dans l’habitat innovant ? Quelles sont les conséquences de ce mode d’habitat sur la perception du vieillissement et la perspective de la mort ? Est-il possible de vieillir « jusqu’au bout » dans ces habitats ?
- Ces nouvelles formes d’habitat permettent-elles de nouvelles formes d’entraide conduisant à une forme d’autonomie collective ?
Acteurs
Pourquoi la Fondation du Domicile soutient-elle ce projet ?
Avec les acteurs de ce projet, nous sommes partis d’intuitions partagées :
- Les questions d’habitat, de vieillissement, et de vieillissement en santé, sont intrinsèquement liées.
- L’opposition binaire entre domicile et établissement est trop pauvre pour orienter la réflexion sur ce sujet.
- La société et les politiques publiques ont du mal à sortir d’une représentation des personnes vieillissantes qui les réduit à leurs incapacités, à des objets de soin, et oublie en eux les citoyens. Cette représentation imprègne les réflexions et réalisations relatives aux formes d’habitat qui leur sont proposées.
- Une parole manque dans le débat : celle des citoyens concernés (qui commencent aujourd’hui largement à se faire entendre). Pourtant certains s’emparent déjà opérationnellement de la réflexion sur la question : où, avec qui et comment habiter pour vieillir ? Et, ne se retrouvant pas dans l’offre existante et prémâchée, initient des projets citoyens pour donner corps à leurs attentes, et pourquoi pas expérimenter une forme d’autonomie par l’entraide entre pairs.
- Ces projets d’habitats participatifs, inclusifs, sont des laboratoires d’élaboration et d’expérimentation d’autres façons de vieillir et d’habiter, sans aucun doute susceptibles d’illustrer des attentes et des souhaits partagés bien au-delà des seuls protagonistes de ces projets.
Si tout le monde s’accorde aujourd’hui sur l’importance de prendre en compte la voix des personnes concernées, – d’écouter les vieux sur leurs attentes en somme – il est extrêmement complexe d’amener les citoyens à les exprimer. D’abord parce que vieillir et habiter sont deux expériences extrêmement intimes. Ensuite parce que c’est bien plus simple de dire ce que l’on ne veut pas, que de décrire ce que l’on souhaite. Et enfin parce que se projeter dans la vieillesse c’est accepter que l’on va vieillir (et donc mourir), dans une société qui pointe d’abord dans le grand âge les vulnérabilités et les faiblesses. A la Fondation, nous nous sommes fixés pour objectif d’identifier et de contribuer à inventer des méthodes innovantes qui permettent justement l’expression de cette contribution citoyenne sur les attentes en lien avec le domicile.
Et c’est précisément ce que fait le projet RAPSODIA :
- Il observe des expériences d’habitat alternatif portées par des citoyens, en cours d’élaboration, en construction et en fonctionnement.
- Sa méthode s’organise autour d’un triptyque inédit : les militants de Hal’âge, les universitaires et les citoyens-habitants, qui sont tous partie prenante et contribuent à la recherche, ce qui permet une parole et une réflexion partagée enrichie.
- Il révèle les perceptions, les réflexions et les engagements de citoyens qui permettent de mieux appréhender les attentes et les projections de la population vieillissante dans son ensemble.
Calendrier : 2019 – 2022
qui s’est tenu à Nantes, les 6 et 7 octobre 2022.