Le domicile, un espace intime au coeur des grands enjeux collectifs

À la faveur d’un mouvement inédit d’ouverture sur la société, le domicile est devenu le premier espace de citoyenneté. Il n’est plus seulement le lieu où l’on réside. Lieu d’habitation, de repos, espace d’intimité et d’ancrage dans un territoire, le domicile remplit une fonction essentielle de protection et de repère pour le citoyen. Mais les évolutions de la vie en société modifient en permanence sa place, lui donnent de nouvelles fonctions et le placent au coeur d’enjeux constamment renouvelés.

Le domicile occupe ainsi, et a vocation à occuper de plus en plus, un rôle fondamental dans le champ de la prévention et du soin. À tous les âges de la vie, c’est avant tout chez soi qu’on prend en charge sa santé et celle de ses proches. Du nouveau-né à la personne âgée, les fonctions du « care » se jouent, en premier lieu, « à domicile ». Le développement de la télémédecine, accéléré par la crise sanitaire, renforce encore cette tendance.

Mais le domicile est également devenu un lieu d’activité, notamment professionnelle, qu’il s’agisse de personnes qui y pénètrent – proches, salariés, aidants, professionnels de l’aide et du soin, etc. – ou des membres du foyer. De ce point de vue, l’essor du télétravail révèle de manière inédite cette fonction « productive » du foyer.

Enfin, le domicile demeure un lieu privilégié d’échange : entre membres d’un même foyer, entre générations, entre voisins, à travers l’hospitalité qu’on offre à ses proches et ses amis. Et parce que c’est d’abord de chez soi qu’on participe au monde qui nous entoure, notamment grâce au domicile connecté. Il est donc aussi la première zone de contact avec le monde extérieur et le premier ancrage dans l’espace public. C’est d’ailleurs par son adresse, et donc par son lieu de vie, qu’un citoyen est d’abord reconnu.

Et c’est, a contrario, l’absence de domicile, et l’appellation de « sans-domicile fixe » qui viennent marquer ceux qui vivent dans un état de pauvreté extrême dans la rue, qui les privent d’accès à la citoyenneté.

Si le domicile est ainsi un espace de construction de sa propre identité et de protection de sa personne, il ne saurait être synonyme de fermeture, mais semble au contraire s’affirmer comme un lieu d’ouverture sur l’environnement.

C’est pourquoi, dans un monde en plein bouleversement, le domicile devient le réceptacle de nombreuses tensions, qui révèlent et renforcent cette pluralité de fonctions.

Le domicile : un concentré des grands défis de notre époque

Les mutations de notre société placent le domicile au carrefour des plus grands défis auxquels nous sommes d’ores et déjà confrontés :

Le premier, le défi environnemental,

pose la question de « l’écologie du domicile » et de « l’écologie à domicile ».

Le défi démographique,

celui du vieillissement, renvoie au domicile pensé comme un espace d’autonomie et d’autodétermination, à l’heure où la proportion de personnes de plus de 60 ans va atteindre un niveau inédit.

Le défi sociétal de l’égalité femmes-hommes

passe par une redéfinition du domicile, comme lieu de juste partage des tâches domestiques et familiales ainsi que de relations apaisées – et préservées de possibles violences physiques ou psychologiques – au sein des couples et des familles.

Le défi migratoire,

qu’il ait des ressorts économiques, géopolitiques ou climatiques, qui posera des questions d’équilibre social et d’intégration, positionne le domicile comme vecteur de celle-ci et comme élément clé d’une construction identitaire.

Le défi démocratique,

alors que nos institutions sont frappées d’une crise de défiance inédite liée à un profond sentiment de déclassement et de mal-être individuel, face auquel le domicile doit s’affirmer comme premier « territoire de citoyenneté » – garantissant l’intégrité et la capacité à agir – et premier espace de réassurance.

Ces pistes disent combien nos projets de société ne peuvent se concevoir sans comprendre le domicile comme une matrice privilégiée d’accomplissement personnel et de cohésion sociale. Un défi majeur qui a présidé à la création de la Fondation du Domicile et qui guide aujourd’hui son action.