Domicile
& alimentation
« De la ferme à l’assiette » : soutenir la transmission de nouvelles pratiques pour consolider des modèles agricoles et favoriser des usages alimentaires, au service de la santé humaine, de la dignité et du lien social.
Domicile
& alimentation
« De la ferme à l’assiette » : soutenir la transmission de nouvelles pratiques pour consolider des modèles agricoles et favoriser des usages alimentaires, au service de la santé humaine, de la dignité et du lien social.
Candidature jusqu’au 5 octobre 2025.
Prix : 12 000 € de subvention par porteur de projet et un accompagnement personnalisé par makesense pour développer son plaidoyer.
Après dormir, manger est probablement l’action que l’on réalise le plus souvent chez soi, à son domicile. Que l’on passe des heures aux fourneaux pour nourrir les siens, ou que l’on se fasse livrer, qu’on mange en famille, seul ou avec des amis, devant la télévision ou en pleine conscience, ou tout cela alternativement, notre alimentation et notre façon de nous alimenter, depuis nos choix de consommation alimentaire jusqu’à la place et la forme que nous donnons à nos repas, disent quelque chose de nous, de notre éducation, de notre niveau socio-économique, de notre rapport au vivant, de nos émotions, de notre rapport à nous-même et à la santé, de nos engagements citoyens…
Pendant longtemps, les aliments que nous consommions ont raconté notre histoire et notre géographie. Dans un contexte de mondialisation des échanges, c’est aujourd’hui beaucoup moins le cas. Mais dans toutes les cultures il y a un temps commun autour d’un repas qui incarne le lien entre alimentation, partage, convivialité, temps collectifs et ritualisés, et qui dit quelque chose de notre lien aux autres et de notre rapport au monde. L’alimentation est ainsi au cœur de notre intimité et de notre rapport à la communauté (famille, quartier, nation, planète…), à la croisée d’usages éminemment individuels et intimes, mais également d’enjeux sociétaux majeurs, à des échelles aussi bien micro-locales que planétaires, qui s’opérationnalisent au cœur du domicile.
Notre modèle agricole et alimentaire actuel est le résultat d’un contrat social issu de la seconde guerre mondiale : « nourrir en abondance, avoir une alimentation relativement bon marché et sûre d’un point de vue sanitaire* ». Il s’appuie sur une agriculture moderne et intensive, une industrie amont et aval spécialisée et des distributeurs structurés et présents sur tout le territoire. Dans ce modèle, « l’individu accepte la production industrialisée dont il devient dépendant, il délègue la fabrication alimentaire des produits qu’il consomme à un tiers dont il ne voit pas les pratiques, mais il obtient la garantie, en échange, que l’industrie est saine, fiable, étatiquement surveillée, et qu’il sera défendu en cas de litige** ». Pertinent au sortir de la guerre, force est de constater que ce modèle atteint ses limites. L’alimentation ultra-transformée est à l’origine de maladies qui surviennent de plus en plus précocement, une part croissante de la population est en situation de précarité alimentaire, et les alertes sur l’effondrement de la biodiversité et la dégradation des ressources naturelles sont aujourd’hui quotidiennes dans le débat public, et les agriculteurs n’arrivent plus à vivre de leur travail.
Un nouveau contrat social est donc à rebâtir autour d’un nouveau modèle de production de notre alimentation. Ce qui nécessite de repenser et de choisir collectivement les principes et les paramètres de notre souveraineté alimentaire, non pas au sens où ce terme est souvent utilisé d’indépendance et d’auto-suffisance, mais en réinterrogeant, à travers les pratiques, les fins, les valeurs et les conséquences de l’acte de se nourrir.
* « L’injuste prix de notre alimentation – Quels coûts pour la société et la planète ? » Secours catholique-Caritas France, Réseau CIVAM, Solidarité paysans, Fédération française des diabétiques. ** « Vers un contrat social pour le XXIème siècle : comment en sommes-nous arrivés là ? Une brève histoire des contrats sociaux des XIX et XXème siècles en France et au Royaume-Uni », M. Saujot et al., Iddri et Hot or Cool, juin 2024.
La Fondation du Domicile a l’ambition d’expertiser le domicile comme laboratoire de nouveaux usages, traversé et impacté par les grandes transformations sociétales, à la fois refuge intime et espace d’appropriation des grands enjeux collectifs. A travers les projets qu’elle soutient et les réflexions qu’elle mène, elle cherche à faire grandir « l’éthique du domicile », comme boussole des politiques publiques, en promouvant un domicile où s’articulent, sans jamais s’exclure l’un l’autre, nos besoins fondamentaux de sécurité et de liberté : un domicile vecteur de pouvoir d’agir.
Si la transition environnementale est notamment une transition énergétique, elle doit tout autant s’appuyer sur une transition alimentaire qui nécessite de produire autrement, de se nourrir plus sainement, de gaspiller moins. Le domicile est le périmètre de l’action individuelle et citoyenne, mais il se situe en bout de chaîne de notre modèle agricole et alimentaire.
Aussi, la Fondation souhaite identifier et soutenir des projets qui permettent in fine au domicile d’être un espace d’action, de choix, et de sécurité en matière d’alimentation.
Ces projets et ces initiatives s’inscrivent dans la perspective de rénovation de notre modèle agricole et alimentaire, d’un rapport à l’alimentation renouvelé. S’ils visent au final le soutien de nouvelles pratiques au domicile, ils peuvent situer leur action, à l’intérieur autant qu’à l’extérieur du domicile (dans un restaurant, une cantine, une AMAP, une école, un supermarché, une exploitation agricole…), et à toute étape de la chaîne alimentaire.
En 2024, en France – mais ce contexte est loin d’être une exception en Europe – de plus en plus de citoyens souffrent de maladies liées à notre environnement, entre autres parce que l’air que nous respirons, les produits que nous utilisons, les aliments que nous ingérons contiennent des composants nocifs pour notre santé. De plus, près de la moitié de la population adulte serait en situation de surpoids (dont environ un tiers en situation d’obésité), avec de très nombreuses conséquences sur la santé et l’espérance de vie des personnes. Les dépenses de santé annuelles ciblées sur ces situations représenteraient 11,7 milliards d’euros. Bien se nourrir est donc un enjeu de santé publique, et notamment de prévention des maladies, absolument majeur. Et c’est en même temps un enjeu de bien-être individuel. Pourtant 5,5 milliards d’euros sont dépensés chaque année pour mettre en avant et valoriser, particulièrement auprès des enfants – dont 17 % sont en surpoids et 4% obèses, des chiffres en constante progression – à travers la publicité et la promotion, à la télévision comme sur les réseaux sociaux, des produits gras, sucrés et salés, dont la consommation est scientifiquement reconnue comme néfaste à la santé. On sait en outre que de nombreuses substances utilisées dans l’agriculture conventionnelle pour protéger les cultures des nuisibles sont toxiques pour la santé : les agriculteurs en sont d’ailleurs les premières victimes, juste avant les riverains des surfaces cultivées.
L’alimentation peut donc être en même temps notre meilleure alliée « santé » mais aussi notre premier risque. Dans ce contexte, l’accès à l’information et l’accompagnement des bonnes pratiques sont des chantiers à engager, comme celui de la lutte contre la désinformation.
La Fondation souhaite apporter son soutien à des projets qui visent tout autant la sensibilisation et l’éducation, la lutte contre la désinformation concernant l’alimentation saine, à tout âge, que l’accompagnement de nouvelles pratiques, aussi bien pour celles et ceux qui souffrent de surpoids ou sont exposés précocement à des maladies comme le diabète, que dans une logique de prévention et de protection, des consommateurs comme des agriculteurs.
* « L’injuste prix de notre alimentation – Quels coûts pour la société et la planète ? ». Op. cit.
En contrepoint, on estime à 8 millions le nombre de Français qui seraient en situation d’insécurité alimentaire en 2024, dont au moins 2 millions contraints de recourir à l’aide alimentaire*, dans un contexte d’augmentation progressive mais régulière de la pauvreté (plus de 5 millions de Français** vivent sous le seuil de pauvreté).
Alors que l’inflation a des conséquences manifestes sur les coûts des différents postes budgétaires, le coût du logement occupe une place de plus en plus importante dans le budget des ménages, et la part des dépenses consacrées à l’alimentation diminue, devenant la variable d’ajustement. Pour les ménages les plus modestes, la baisse du budget disponible pour l’alimentation se traduit par des privations et un recours accru aux produits industriels ultra-transformés, beaucoup moins chers, souvent fabriqués à partir de produits issus d’autres pays que la France, y compris hors d’Europe, et comportant des risques pour la santé. La Fondation du Domicile souhaite soutenir des projets qui visent la lutte contre la précarité alimentaire, dans une approche engagée du point de vue éthique, qui ne consisterait pas seulement à redistribuer les invendus, ou à distribuer les produits récupérés lors des collectes (souvent les moins chers et jamais issus des rayons frais).
Nous souhaitons encourager des initiatives qui redonnent de la dignité et du pouvoir d’agir aux ménages dont le budget ne leur permet pas de se nourrir suffisamment, mais surtout correctement du point de vue de leur santé comme de celle de la planète.
Dit autrement, il ne s’agit pas seulement de rediriger le surplus d’aliments vers ceux qui n’accèdent pas financièrement à une alimentation suffisante, mais d’orienter les actions vers l’accès à une alimentation de qualité pour tous, par l’information, la découverte et l’apprentissage de nouvelles pratiques alimentaires et culinaires, la mise en place de dispositifs vertueux de répartition et de (re)distribution des denrées saines et durables, et plus largement d’opérationnalisation de l’accès à cette alimentation.
Le modèle agricole qui soutient aujourd’hui notre alimentation est basé sur une production industrialisée et des exploitations de plus en plus grandes (favorisées par les subventions publiques). Selon les nombreux rapports produits par des organismes scientifiques reconnus*, les pratiques ainsi encouragées (recours aux pesticides et aux engrais industriels) conduisent à la dégradation de la santé des agriculteurs qui les opèrent, des riverains qui côtoient les cultures, et in fine des consommateurs ; en outre elles épuisent les ressources naturelles des sols, et empêchent la résilience des cultures face aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents. Un nouveau modèle peut être réinventé, qui préserve et soutienne la santé humaine autant que les ressources naturelles limitées de la planète. Et comme toujours, quand on change de modèle, le plus complexe n’est pas tant d’imaginer celui qui devrait advenir que de mettre en place les conditions de la transition d’un modèle à l’autre. C’est d’abord à l’échelle des territoires, et même des micro-territoires, que les acteurs qui s’engagent dans ce défi peuvent tester à la fois leurs réponses respectives et leur articulation, pour expérimenter des modèles intégrés (du champ à l’assiette) soutenus par des décideurs publics engagés et déterminés à apporter leur pierre à l’édifice du renouvellement du modèle agricole et alimentaire.
Dans cette perspective, la Fondation du Domicile soutiendra des initiatives, quel que soit le niveau de la chaîne alimentaire où elles se situent, qui contribuent à l’évolution des pratiques de production agricole, de valorisation, de distribution, d’accès, de non-gaspillage et de consommation de produits alimentaires sains et respectueux de la préservation et du soin des ressources naturelles pour et par tous.
Enfin si changer de modèle agroalimentaire apparaît déterminant pour protéger la santé humaine, la Fondation du Domicile souhaite aussi s’intéresser à la dimension symbolique de l’alimentation, et à sa contribution au soin et à la préservation /restauration du lien social. Si manger à sa faim est un enjeu essentiel, existentiel, à l’heure où 1 Français sur 4 souffre de solitude*, ne pas toujours manger seul est un enjeu d’humanité.
Dans de nombreuses cultures le repas est symbole de partage, de convivialité, d’hospitalité, de rassemblement. Le repas partagé est le moment de la rencontre et de l’échange avec les autres, avec l’Autre, dans le regard duquel on se sent exister, on mesure son utilité, au sens noble.
Aussi la Fondation du Domicile souhaite soutenir également des acteurs et des projets qui appréhendent l’alimentation comme vecteur de lien social et action de prendre soin, quels que soient leurs publics cibles, à travers des pratiques « d’aller-vers » au domicile autant qu’en créant des espaces, extérieurs et complémentaires à celui-ci, qui le prolongent et lui permettent de ne pas devenir un espace de solitude et de repli.
Il s’adresse à un large potentiel d’acteurs :
Le projet entre dans le domaine d’action de la Fondation du Domicile : soutenir le domicile comme espace de pouvoir d’agir de ses habitants. Il peut se déployer à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du domicile (dans un restaurant, une cantine, une AMAP, une école, un supermarché, un champ…)
Le projet est porté par un acteur à finalité sociale : association, organisme de l’économie sociale et solidaire, entreprise, société coopérative en activité, etc.
Le projet se déroule en France (en métropole ou dans les territoires d’Outre-Mer).
Chaque structure ne peut présenter qu’un seul projet.
Un lauréat précédent ne peut pas postuler à nouveau avant deux ans.
Objet des projets
Pour l’ensemble de l’appel à projets, l’objectif ici est bien de soutenir des projets qui s’opèrent au domicile, mais également des projets qui se déploient à l’extérieur du domicile (dans un restaurant, une cantine, une AMAP, une école, un supermarché, un champ…) dont les externalités permettent d’augmenter le pouvoir d’agir écologique et en santé des citoyens à domicile.
Modèle économique
Avancement des projets
La Fondation prendra en considération tous les projets quel que soit leur stade de développement – depuis le projet en construction jusqu’au projet déjà largement engagé, ou même effectif et en réflexion sur sa capacité d’essaimage – quelle que soit leur temporalité, ponctuelle ou inscrite dans le temps long.
Modalités d’échange entre le porteur de projet et la Fondation
La Fondation du Domicile ne se conçoit pas uniquement comme un financeur, mais plutôt comme un partenaire, avec le souhait que le porteur de projet devienne un interlocuteur privilégié et lui permette d’être informée du calendrier et des modalités de communication sur l’avancement du projet, y compris après l’attribution du Trophée.
Le projet repose sur un diagnostic étayé et vient répondre à un besoin avéré.
Le projet s’inscrit en complémentarité avec les solutions existantes sur le territoire.
Le projet s’inscrit dans une logique d’impact positif autour des enjeux de l’alimentation.
Le projet porte un engagement de viabilité économique (plan de financement stabilisé).
Le projet intègre une démarche réflexive et évaluative pour améliorer le projet en continu.