Appel à projets des trophées de la Fondation du Domicile
Édition 2024
Candidature jusqu’au 20 octobre.
Prix : 12 000 € de subvention et un accompagnement personnalisé par Makesense pour développer votre projet.
Les crises récentes (sanitaire, économique, géopolitique, environnementale) ont imposé le sujet de la santé mentale, notamment celle des jeunes et des enfants, comme un enjeu sociétal majeur. Fort sentiment de solitude, gestes suicidaires, troubles dépressifs et anxieux : la dégradation de la santé mentale s’observe à tous les âges et dans toutes les sphères de la société, à l’école, au travail, à la maison, dans la vie sociale et familiale. Le premier ministre Gabriel Attal a déclaré vouloir faire de la santé mentale des jeunes la grande cause nationale de son action gouvernementale. Le collectif Santé mentale 2025 (1) souligne l’écart entre la récente prise de conscience liée à ces enjeux (avec la crise sanitaire) et la faiblesse des moyens alloués, et suggère quant à lui d’aller encore plus loin, en faisant de la santé mentale de tous une Grande Cause nationale.
Aujourd’hui 20 % de la population française, soit 13 millions de personnes, sont concernées par des troubles psychiques et des maladies mentales (2) . Pourtant le périmètre de la santé mentale et le système de santé qui l’accompagne, à la fois foisonnant, peu lisible et insuffisant, sont encore mal connus du grand public.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la santé mentale est une composante essentielle de la santé et représente bien plus que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux. Elle peut se définir comme un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté (3) ».
La santé mentale positive qui recouvre le bien-être, l’épanouissement personnel, les ressources psychologiques et les capacités d’agir de l’individu dans ses rôles sociaux, pour laquelle on identifie des facteurs de risque et des facteurs de protection. D’après l’enquête Coviprev du ministère de la Santé, en 2022, 74 % des personnes âgées de 18 ans ou plus déclarent prendre soin de leur santé mentale.
La détresse psychologique réactionnelle, induite par des situations éprouvantes et difficultés existentielles, qui n’est pas forcément révélatrice d’un trouble mental.
Les troubles psychiatriques de durée variable, plus ou moins sévères et/ou handicapants, qui se réfèrent à des classifications diagnostiques renvoyant à des critères, à des actions thérapeutiques ciblées, et qui relèvent d’une prise en charge médicale.
Aujourd’hui les enjeux de santé mentale relèvent donc autant de l’accompagnement et du traitement des maladies mentales, que du soin apporté aux individus victimes de situations traumatisantes, et bien plus largement de la construction, du soin et de la préservation des ressources psychologiques de chacun.
1. Note du Collectif Santé Mentale, Faire de la santé mentale une grande cause nationale, mars 2024, Fondation Jean Jaurès
2. Données OMS
3. Définition de l’Organisation Mondiale de la Santé
4. Santé Publique France
Le domicile, par définition pluriel puisque le domicile est le chez-soi – un logement, une chambre au sein d’un EHPAD, une caravane etc. – a la particularité de pouvoir être identifié aussi bien du côté des facteurs de risque – lorsque le domicile est subi, qu’il est un lieu d’isolement, d’impuissance, de violence ou de privation de liberté – que du côté des facteurs de protection, lorsqu’il est le siège d’interactions sociales positives, qu’il est intégré dans un espace géographique porteur de liens sociaux et de cohésion, et qu’il s’apparente à l’espace personnel dans lequel on se sent en maîtrise et en sécurité.
La contribution du domicile aux différentes dimensions de la santé mentale est donc majeure.
D’abord parce que la question du traitement des troubles mentaux est toujours liée à un questionnement sur le lieu de vie du patient et sur l’opportunité ou non de le maintenir dans son environnement, ou de l’y renvoyer après une hospitalisation pour préserver sa capacité à vivre chez lui. Aujourd’hui, 90 % des patients suivis en psychiatrie ne sont jamais hospitalisés et vivent donc chez eux, avec leurs proches aidants comme principaux soutiens. Le domicile est ainsi au centre d’un mouvement, amorcé dans les années 1950 – balbutiant par la suite et à nouveau plus marqué depuis la Loi de 2005 sur le Handicap – de désinstitutionnalisation des personnes atteintes de troubles et handicaps mentaux, organisé autour de la sectorisation, de la création d’hôpitaux de jour, des centres médico psychologiques, et de la mise en place de soins ambulatoires, et d’équipes mobiles qui se déplacent au domicile.
Ensuite, parce qu’il est – ou précisément parfois parce qu’il ne l’est pas – le refuge intime et l’espace de sécurité, le sanctuaire de l’autonomie décisionnelle (où chacun est libre et légitime à décider pour soi-même), le domicile joue un rôle structurant dans la construction identitaire et participe à l’assise du bien-être mental, tout au long de la vie. Pour le Président de notre Comité Scientifique, Pierre Giorgini, il est « le lieu de tous les liens », mais aussi « le lien entre tous les lieux que nous avons expérimentés », un lieu repère qui nous raconte et nous définit.
C’est d’ailleurs parce qu’il remplit toutes ces fonctions qu’il peut constituer un lieu de repos, de répit, voire de réparation et de rétablissement dans des parcours de détresse psychologique réactionnelle.
La Fondation du Domicile expertise les transformations sociétales qui engagent et impactent le domicile et les nouveaux usages qui s’y développent, précisément à l’aune de la question du pouvoir d’agir des citoyens-habitants : en quoi et comment le domicile peut-il être à la fois refuge intime et espace de participation citoyenne ?
Après avoir exploré le domicile acteur de soin et de santé en 2022, et le domicile levier de la transition écologique en 2023, la Fondation du Domicile place au cœur de l’appel à projet de ses Trophées 2024 la mise en lumière et la compréhension des liens entre domicile et santé mentale. Soucieuse d’analyser et de contribuer aux enjeux sociétaux de son époque, elle s’inscrit ainsi dans la nécessaire démarche de sensibilisation et de pédagogie autour des enjeux de santé mentale. Elle récompensera cinq projets (initiative, expérimentation, projet en cours ou en construction, étude ou recherche…) permettant d’explorer ces différentes dimensions ou approches des liens entre santé mentale et domicile, via une subvention de 12 000 euros par projet et un accompagnement personnalisé pour maximiser son impact, en partenariat avec Makesense.
Lieu de construction identitaire, d’ancrage, d’enracinement, le domicile est le premier espace de construction de notre équilibre mental. Il est ainsi au cœur des enjeux de parentalité.
C’est dans le domicile que nous nous sommes tous repliés pendant les confinements et que les jeunes ont parfois développé de nouvelles angoisses, alors que l’équilibre mental de tous était mis à mal par cette expérience inédite.
C’est dans le huis-clos du domicile que les parents éduquent leurs enfants, posent les limites et se confrontent parfois à leur mal-être croissant et à ses manifestations. Les parents sont désarçonnés, notamment par leur rapport aux écrans, qui contribue à alimenter aujourd’hui le conflit parents/enfants, de la petite enfance à l’adolescence. Le rapport des jeunes aux écrans peut parfois s’apparenter à une forme d’addiction, avec pour conséquence une véritable tendance au repli et des implications sur leur rapport à l’école et aux enseignements, leur capacité de concentration, et l’altération de leurs interactions sociales.
C’est aussi dans l’intimité du domicile que les parents affrontent le développement de troubles anxieux et obsessionnels (anorexie mentale, TOC, éco-anxiété…) et l’augmentation du nombre de gestes suicidaires, y compris chez les très jeunes, qui les laissent, ainsi que les soignants des établissements, souvent démunis, faute de moyens pour accueillir ces jeunes en souffrance et les accompagner comme il le faudrait.
Quelles initiatives pour accompagner ces nouveaux usages à domicile et ces nouvelles angoisses existentielles des plus jeunes, et les soutenir ainsi que leurs parents ?
Aujourd’hui, la crise sanitaire du COVID-19 semble derrière nous, et presque lointaine dans la mémoire collective. Pourtant les confinements ont laissé de nombreuses traces dans nos modes de vie et l’idée que le domicile est le lieu où nous sommes le plus en sécurité s’est immiscée dans notre rapport au monde. Les gens sortent moins, le cinéma et le bénévolat commencent juste à retrouver leurs adeptes, le télétravail est une nouvelle norme, pour une partie des métiers, qui implique un rapport plus distancié aux collectifs de travail…Les personnes âgées, assignées à leur domicile pendant la crise sanitaire pour cause de vulnérabilité, n’ont pas toujours repris leurs anciennes habitudes. Elles ont largement intégré une forme de fragilité qui rend le monde extérieur moins rassurant, et souffrent aujourd’hui, encore plus qu’avant, de la solitude et de leur isolement social.
À très court terme le nombre et la part des personnes âgées et très âgées atteindront des niveaux inédits. Et si la politique du virage domiciliaire portée par la puissance publique répond au souhait de la population de vieillir à domicile, l’isolement social, clairement associé au risque de dépression et d’altération de la santé mentale, pourrait s’accroître en même temps que la population âgée, et avec lui le délitement de la cohésion sociale. Vieillir à domicile pourrait alors devenir un piège.
Dans ce contexte, il semble essentiel de mettre en lumière et de développer les initiatives qui permettent aux personnes qui vieillissent chez elles de moins souffrir d’isolement, de nourrir et de faire vivre leurs liens sociaux, de conserver au maximum leur pouvoir d’agir par le lien social, que ces initiatives se développent au sein ou à l’extérieur du domicile.
Plus prosaïquement, le domicile est aussi, et d’abord, un espace de maîtrise et de sécurité, qui met à l’abri du danger, un espace de protection qui nous permet, quand c’est nécessaire, de nous reposer, de nous ressourcer.
Cet ensemble de fonctions du domicile correspond précisément à ce qui fait défaut aux personnes à la rue, à celles qui vivent un parcours migratoire difficile, aux victimes de violences etc, qui ont besoin d’un véritable lieu de répit, dépassant l’approche du simple hébergement, pour reprendre des forces, reconstruire leur identité, restaurer leur confiance et leur équilibre mental.
La Fondation du Domicile souhaite récompenser et soutenir des initiatives qui promeuvent le domicile comme un espace et un levier de rétablissement, de réparation, de reconstruction psychologique et identitaire, un lieu de soin des personnes particulièrement exposées à des traumatismes et dont la santé mentale s’en trouve affectée.
Pour les personnes porteuses de troubles psychiques et du neurodéveloppement, de maladies ou de handicaps mentaux, le domicile, lorsqu’il n’est pas subi, constitue un repère important, sur lequel prendre appui pour installer un équilibre, mettre en place des usages sécurisés, organiser une prise en charge adaptée.
Le mouvement en cours de désinstitutionnalisation psychiatrique a pour objectif de réduire les grandes institutions asilaires fermées, au profit d’institutions alternatives légères intracommunautaires, associées à de petites unités hospitalières largement ouvertes, et de soins ambulatoires en centre médicopsychologique ou à domicile.
Dans ce cadre, l’habitat des personnes souffrant de troubles psychiatriques et du neurodéveloppement se modifie en profondeur. Des initiatives voient le jour qui permettent aux malades de vivre à domicile, en dehors d’une institution de soin, et à leurs aidants, souvent piliers de ce maintien à domicile, de mieux soutenir leurs proches tout en prenant soin de leur propre santé mentale.
Qu’il s’agisse de penser des domiciles différents et adaptés, des espaces de répit pour les aidants, de mettre en place des équipes et des protocoles de soin et d’accompagnement capables d’intervenir à domicile, ou peut-être même de considérer le domicile comme une composante à part entière de la thérapie, la Fondation souhaite soutenir des expérimentations et des programmes qui placent la question du domicile au cœur d’une démarche de soin qui soutient autant que possible l’autonomie et le pouvoir d’agir des patients.
Enfin, nous souhaitons consacrer le dernier axe de cet appel à projets à la santé mentale des proches aidants. En effet, la politique publique de maintien dans leur milieu de vie des enfants et des adultes, dans le champ du handicap comme dans celui des troubles psychiques et mentaux, tout comme le virage domiciliaire de la politique publique d’accompagnement du vieillissement de la société, reposent en grande partie sur la contribution essentielle de millions de proches aidants en France, aujourd’hui identifiée, documentée, chiffrée, et reconnue, notamment à travers la création d’un statut ad hoc.
Devenir aidant, parfois brutalement, est souvent associé à une charge opérationnelle et physique usante, mais aussi à une très lourde charge mentale. Certes l’émergence du statut d’aidant est un jalon essentiel dans la compréhension et la reconnaissance par la société et les pouvoirs publics de leur contribution au maintien dans leur cadre de vie de leurs proches. Mais il est fondamental de contrer un possible effet pervers de ce statut qui le conduirait à prendre le pas sur toutes les autres dimensions de l’identité de l’aidant, et à l’enfermer dans ce rôle. Pour préserver la santé mentale de ces aidants, si précieux pour leurs proches aidés à domicile et pour la société, et éviter les situations d’épuisement psychologiques, la Fondation du Domicile souhaite identifier et récompenser des initiatives visant le soutien, le répit, l’accompagnement, la reconnaissance, l’attention globale portée aux ressources psychologiques des proches aidants à domicile.
Il s’adresse à un large potentiel d’acteurs :
Le projet entre dans le domaine d’action de la Fondation du Domicile : soutenir le domicile comme espace de pouvoir d’agir de ses habitants.
Le projet est porté par un acteur à finalité sociale : association, organisme de l’économie sociale et solidaire, entreprise, société coopérative en activité, etc.
Le projet se déroule en France (en métropole ou dans les territoires d’Outre-Mer).
Chaque structure ne peut présenter qu’un seul projet.
Un lauréat précédent ne peut pas postuler à nouveau avant deux ans.
Avancement des projets
La Fondation prendra en considération tous les projets quel que soit leur stade de développement – depuis le projet en construction jusqu’au projet déjà largement engagé, ou même effectif et en réflexion sur sa capacité d’essaimage – quelle que soit leur temporalité, ponctuelle ou inscrite dans le temps long.
Modèle économique
Modalités d’échange entre le porteur de projet et la Fondation
La Fondation du Domicile ne se conçoit pas uniquement comme un financeur, mais plutôt comme un partenaire, avec le souhait que le porteur de projet devienne un interlocuteur privilégié et lui permette d’être informée du calendrier et des modalités de communication sur l’avancement du projet, y compris après l’attribution du Trophée.
Le projet repose sur un diagnostic étayé et vient répondre à un besoin avéré.
Le projet s’inscrit en complémentarité avec les solutions existantes sur le territoire.
Le projet s’inscrit dans une logique d’impact positif autour des enjeux de la santé mentale.
Le projet porte un engagement de viabilité économique (plan de financement stabilisé).
Le projet intègre une démarche réflexive et évaluative pour améliorer le projet en continu.