Édition 2022

Le fonds de dotation qui préfigure la Fondation du Domicile a été créé en 2016 autour d’un socle de valeurs éthiques, avec trois missions principales :

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Comprendre les nouveaux rôles du domicile et les attentes des citoyens en lien avec le domicile, en soutenant des programmes d’observation et d’expérimentation.

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Identifier, soutenir et faire connaître les initiatives et les projets innovants qui se déploient au sein du domicile privé avec le souci du respect des habitants et de leur intimité, en réponse à des besoins d’accompagnement identifiés, notamment à travers le programme des Trophées de la Fondation du Domicile.

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Utiliser cette expertise pour sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité d’associer en amont les citoyens à une réflexion commune sur le domicile de demain, pour inventer de nouvelles méthodes de coopération citoyens/décideurs et intégrer la contribution des citoyens à la définition des politiques publiques du domicile.

Le thème de l’appel à projets 2022 : le domicile, acteur de soin et de santé

La crise sanitaire a renforcé et accéléré une tendance qui préexistait : de plus en plus d’activités se pratiquent au domicile. Le domicile endosse de nouveaux rôles, il devient ou redevient un espace de travail, d’éducation, de consommation…

Il est aussi devenu un lieu d’aide et de soin, avec le développement de l’accompagnement du vieillissement et du handicap au domicile. Et les politiques de la santé, dans leurs diverses composantes, intègrent de plus en plus le domicile privé dans leurs programmes. En témoignent le déploiement de la télé-médecine, de l’hospitalisation à domicile, des soins palliatifs à domicile, etc.

Ces politiques publiques répondent à des besoins et à un souhait exprimé par les citoyens, celui de pouvoir vivre avec un handicap ou un problème de santé, de vieillir, de se soigner, et peut-être de mourir chez eux. Mais l’efficience de ces interventions dépend du consentement des citoyens à cet accompagnement, alors même que dispositifs techniques et intervenants prennent place dans leur domicile. C’est pour tenter de résoudre cette tension que la Fondation s’attache à construire et à partager une éthique du domicile qui vise à la fois à protéger l’identité, l’intimité, et les repères des habitants, et à soutenir leur autonomie, fonctionnelle certes, mais surtout morale, décisionnelle et citoyenne.

La Fondation porte une vision capacitaire du soin, qui accompagne les capacités de la personne et ne la réduit jamais à ses incapacités ou ses vulnérabilités, avec l’engagement que prendre soin c’est respecter, rendre acteur, ne pas réduire la personne à un corps, ou la transformer en objet de soin.

Les axes de l’appel à projets

Les projets candidats devront s’inscrire dans l’un des quatre grands axes définis pour l’appel à projets :

Prévention de la perte d’autonomie et promotion de la bonne santé

La santé commence avec la prévention, avec un ensemble de gestes et d’actions qui permettent de retarder ou d’éviter sa dégradation. Cette approche préventive vise souvent les comportements du quotidien des citoyens, qui eux-mêmes s’inscrivent souvent dans leur domicile. C’est au domicile que l’on apprend à prendre soin de soi, pour ensuite y prendre soin des siens. C’est au domicile que l’on met en œuvre ses choix de consommation, notamment alimentaires. C’est au sein du domicile privé que les intervenants et les aidants accompagnent les personnes fragiles. C’est au domicile que se jouent les conditions de préservation ou de restauration de l’autonomie fonctionnelle et de soutien à l’autonomie décisionnelle. C’est enfin en concevant, en aménageant, ou en adaptant leur domicile que les citoyens contribuent à le sécuriser pour le rendre compatible avec leurs capacités motrices et leurs habitudes de vie. Tous ces choix et ces gestes citoyens effectués au domicile – les acteurs qui les soutiennent, et les politiques publiques qui les promeuvent – contribuent à faire du domicile un acteur de santé par la prévention.

E-santé et télé-médecine

La tendance s’est accélérée avec la crise sanitaire et la pénurie de personnels soignants : la médecine et le soin proposent de s’exercer à distance, depuis le domicile, au moyen d’interfaces techniques. La télé-médecine, la E-santé en général, tous les services qui visent la simplification ou une plus grande accessibilité de l’offre de soin, mais passent par une approche dématérialisée, supposent l’adhésion des patients, et se confrontent à la crainte et au refus – par les soignés comme par les soignants – de la déshumanisation des soins. Pour donner leur chance à ces dispositifs d’atteindre leurs objectifs et d’entrer opérationnellement dans le domicile privé, il est essentiel d’analyser les freins des citoyens concernés, de qualifier leurs réticences en fonction de leurs caractéristiques socio-démographique – âge, CSP, spécificité du territoire dans lequel s’inscrit leur domicile, missions/métiers des acteurs de soin – et d’intégrer leurs attentes/usages pour (re)définir les protocoles de mise en oeuvre, qui garantissent l’efficacité des soins tout en protégeant la qualité et l’intégrité de la relation patient/soignant.

Maladies rares, chroniques ou de longue durée, handicap

Les citoyens souffrant de maladies chroniques, de longue durée, ou en situation de handicap, doivent adapter leurs habitudes de vie à domicile à leur pathologie, de manière pérenne, continue et souvent définitive. Quand la maladie ou le handicap s’installent dans le quotidien, le domicile devient lieu de soin. Les aménagements et les intervenants du soin portent l’enjeu de soutenir la santé des citoyens concernés, sans réduire leur identité à leur maladie ou leurs incapacités : le domicile qui devient un espace de soin doit rester un lieu de vie et un espace d’intimité, et demeurer un espace de décision légitime et de participation sociale. Le sujet des séjours alternés hôpital/domicile doit être questionné également.

Transition hôpital/domicile

Le virage ambulatoire implique le retour rapide au domicile, parfois après de lourdes interventions, et la mise en place de protocoles de soins au domicile des patients. Aujourd’hui cette transition est souvent source de confusion, de déception, et de désarroi pour les citoyens concernés, qui voient leur domicile privé se transformer en « salle de soin », troublé par le ballet d’intervenants porteurs de la culture du soin et des outils de l’hôpital, et souvent mal coordonnés avec les autres acteurs de l’accompagnement notamment… Comment penser, organiser, coordonner cette transition pour garantir la continuité du soin, tout en respectant l’intimité des personnes au sein d’un domicile transformé ?