Trophée
Trophées 2024
En 2024, la Fondation du Domicile a souhaité réfléchir sur les liens entre Domicile et santé mentale en se posant la question « Comment faire du domicile un lieu de construction, de protection et de réparation de la santé mentale, tout au long de la vie ? »
Le 5 décembre 2024 à la Petite Halle de la Villette, après les interventions inspirantes et passionnantes de Serge Hefez (psychiatre et psychanalyste) et Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive), Mathieu Souquière a animé deux tables-rondes aussi instructives que stimulantes.
La première, intitulée La santé mentale à domicile : bien chez soi, bien en soi, réunissait pour aborder la question des enjeux au sein du domicile :
- Angèle Malâtre Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la santé mentale,
- Cécile Troquart, directrice des études chez Kingfisher,
- Servane Mouton, neurologue et coordinatrice du rapport « Enfants et écrans » (remis au président de la république en avril 2024)
- Jean-Daniel Remond, Président de l’Old’Up
La seconde, intitulée Le domicile comme stabilisateur mental et social, a permis d’aborder le rôle déterminant du domicile pour la santé mentale des personnes :
- Bernard Devert, Président de Habitat et Humanisme
- Jean-François Corty, Président de Médecins du Monde
- Irène Bogicevic, responsable du Pôle Santé mentale à la Croix-Rouge Française
- Romain Aubron, directeur général du Clarpa 56
Retrouvez les temps forts de cette matinée
Puis nos lauréats ont reçu leurs Trophées.
Le domicile, espace d'éducation et de construction de la santé mentale
Lauréat : Lève les yeux
L’association Lève les yeux, d’intérêt général et agréée par le ministère de l’éducation nationale, mène des actions de sensibilisation sur les effets de la surexposition aux écrans dans toute la France depuis plus de 6 ans. En France, les foyers sont équipés en moyenne de plus de 10 écrans. Cet équipement massif entraîne de nombreux dégâts, notamment chez les plus jeunes. Chez les tout-petits, il a été démontré qu’un écran de télévision allumé « en fond » a des impacts sur le développement cognitif. Chez les enfants, l’âge moyen du premier smartphone est 11 ans. Or l’exposition précoce à Internet amène les enfants à voir des contenus inappropriés, violents ou choquants, ce qui a des impacts durables sur leur bien-être psychique et émotionnel. Les adolescents quant à eux passent la majeure partie de leur temps libre sur les écrans isolés dans leurs chambres, exposés à des contenus poussant aux idées noires. L’association, dans son travail quotidien, recueille de nombreux témoignages de parents dépassés par la place prise par les écrans, dont ils ont sous-estimé la dimension addictive. Source majeure de conflits familiaux, les écrans occupent cette place ambivalente depuis qu’ils sont devenus des moyens de garde, des refuges individuels, des écrans faisant écran à la relation. Les quartiers nord de Marseille, qui accumulent les difficultés sociales, sont particulièrement vulnérables face à tous les dangers sanitaires, et en particulier ceux des écrans. L’idée originale de ce projet est de travailler finement avec des familles, via des travailleurs sociaux bien implantés, pour mettre en place des « pactes familiaux » sur mesure, adaptés au contexte de chaque famille, tout en proposant des alternatives (jeux, livres, outils de limitation des écrans). Cette idée est le fruit de 6 années de prévention, et de constat des difficultés à trouver des réponses pérennes pour des familles aux contextes singuliers. Les partenaires engagés sur le projet, La Maison Bernadette et Voisins Malins, sont des associations ancrées sur le territoire du 13e capables d’identifier des familles aux profils adaptés au présent projet : à la fois exposées au problème, et disponibles et motivées pour essayer de le résoudre.
Vieillir chez soi en lien avec le monde et ses proches.
Lauréat : Arbitryum – co-working en EHPAD
L’EHPAD est le domicile de 730 000 personnes en France, la plupart du temps leur dernier domicile. On leur souhaiterait de s’y sentir comme à la maison, pourtant on considère aujourd’hui les EHPAD comme des lieux hospitaliers, des lieux hôteliers, parfois même des mouroirs… rarement comme des lieux de vie. En accompagnant des EHPAD à mettre en place des espaces de coworking (en tout genre : café-coworking, coworking d’artistes, hébergement d’une entreprise, …), Arbitryum ambitionne d’apporter de la vie en EHPAD, de redonner un sentiment de citoyenneté et d’existence aux résidents et de restaurer du lien social.
L’objectif, à travers ce projet, est de contribuer à la conception de l’EHPAD de demain en réinventant l’usage de certains espaces pour les transformer en ressources territoriales, ouvertes sur leur quartier, où se côtoient différents profils. Nous souhaitons participer à la transformation de l’EHPAD comme un lieu de vie et d’épanouissement social. Plus d’une quinzaine d’établissements ont déjà confirmé leur envie de travailler avec Arbithryum, à ouvrir l’établissement sur l’extérieur, mais manquent de temps, de méthodes et parfois de moyens pour le faire. En les accompagnant opérationnellement, Arbithryum espère donc les aider à passer de l’idée à l’action et à réaliser ce projet d’ouverture et lever les premières barrières à la réalisation de ce projet.
Le domicile, abri et espace de re-construction
Lauréat : Bureaux du coeur
La Fondation Abbé Pierre évalue à 330 000 le nombre de personnes sans domicile, dormant à la rue, dans une voiture, des squats, des hôtels de fortune ou des hébergements d’urgence. Avec un marché immobilier très tendu, même des personnes qui travaillent peuvent se trouver en précarité de logement. Quels que soient l’âge et la situation, l’expérience de la rue est extrêmement violente et destructrice, et accélère la désocialisation. Dans le même temps, chaque nuit et chaque week-end, des milliers de bureaux sont chauffés, éclairés… et vides. C’est le constat à l’origine des Bureaux du Cœur. Créée en 2020 par des entrepreneurs engagés, notre association développe ainsi l’accueil de personnes en situation de précarité, les « invité·e·s », au sein de bureaux d’entreprises, les « hôtes », la nuit et le week-end. Au-delà d’un simple abri, qui permet à l’invité·e de se sentir en sécurité, stable et de recréer de l’intimité, l’accueil lui permet également de retrouver du lien social et un sentiment d’appartenance, qui font souvent défaut alors qu’ils sont nécessaires à la reconstruction.
Les Bureaux du Cœur ont ainsi développé une stratégie d’essaimage afin de dupliquer leur modèle dans davantage de territoires à partir d’une méthodologie solide. L’objectif de ce projet d’essaimage est de fédérer, à horizon 2028, 1 000 organisations hôtes (soit l’équivalent d’1 PME sur 100) dans 50 villes en France, pour accueillir chaque soir des personnes en situation de précarité, contribuant ainsi avoir accueilli et inséré 7 000 individus.
Le domicile , lieu d'innovations thérapeutiques et de soin dans le traitement des maladies mentales
Lauréat : Hovia
Le Foyer d’Hébergement (FH) HOVIA Paris 16 propose depuis 1964 un hébergement et un accompagnement socio-éducatif à une quarantaine de personnes en situation de handicap psychique exerçant une activité professionnelle en milieu protégé et/ou ordinaire de travail mais n’ayant pas l’envie et/ou les clés suffisantes pour vivre en logement autonome. Ces dernières sont néanmoins de plus en plus nombreuses à souhaiter accéder à une vie autonome dans un domicile qui leur serait propre. Le premier SAVA Psy pour « Service d’Apprentissage à la Vie Autonome » dédié à des adultes présentant des troubles psychiques ouvrira en fin d’année 2024. Il proposera à des personnes ayant un projet de vie à domicile, d’intégrer l’un de ses appartements (situés dans les 15ème et 16ème arrondissement de Paris) pour suivre un parcours d’apprentissage à la vie autonome d’une durée estimée à 3 ou 4 années. Celui-ci devra permettre, dans le cadre du programme de rétablissement, d’acquérir les compétences et habilités psycho-sociales favorables à un emménagement dans le logement autonome de leur choix avec, le cas échéant en relai, l’appui de services à domicile spécialisés (SAVS, SAMSAH, SAD, …).
De l'indispensable soutien à la préservation de la santé mentale des aidants
Lauréat : Les bobos à la ferme – le laboratoire de répit
Avec la maladie neurodégénérative de leur fille Andréa, Louis Dransart et Elodie D’Andréa ont découvert le monde du handicap en 2015. Ils ont été rapidement confrontés aux difficultés liées à cette parentalité différente et à l’accompagnement d’un enfant lourdement handicapé. Ce parcours personnel de « parents aidants » leur a permis de constater le manque de structures de répit et de soutien adaptées à leur situation et à celle des aidants de manière générale. En effet, ces structures existantes sont majoritairement des établissements sanitaires et médico-sociaux qui, en partie, ne répondent plus aux aspirations et besoins de ces publics. En réaction à ce manque et dans l’objectif d’apporter des réponses aux familles qui, comme eux, ne trouvaient pas de solutions adaptées, ils ont décidé de créer le projet « Les Bobos à la Ferme », un tiers lieu dédié au soutien des aidants et, particulièrement, des parents aidants.
Le projet : les familles accompagnant un enfant en fin de vie font évidemment face à des problématiques de santé mentale multiples et souvent extrêmes. Aidants leur enfant à leur domicile ou à l’hôpital dans un parcours de soins palliatifs, les parents doivent à la fois prendre soin de la santé mentale de celui-ci mais également de la leur et, le cas échéant, celle de leurs autres enfants. Afin de soulager cette charge mentale qui peut durer plusieurs années, nous souhaitons proposer à ces familles des séjours de répit. Les fondateurs de l’association et du projet « Bobo à la ferme » ont accompagné en soins palliatifs à domicile leur fille atteinte d’une maladie neurodégénérative de 2015 à 2024, année de son décès. Parallèlement et depuis l’ouverture du premier gîte du tiers lieu en 2019, l’association a accueilli de nombreuses familles accompagnant un enfant en fin de vie. C’est sur la base de cette expérience que l’association souhaite développer une offre de répit spécifique pour ces familles. Ce type de service sur mesure n’est que très peu proposé sur le territoire national car il implique des enjeux émotionnels et organisationnels importants. Il nous apparaît pourtant essentiel de développer une offre de séjour familiale pour ces personnes qui vont, à très court terme, porter le deuil de leur enfant.