Les Bureaux du Cœur ont été l’un des lauréats des trophées de la Fondation du Domicile 2024 consacrés aux liens entre domicile et santé mentale, pour la catégorie Le domicile : abri et espace de reconstruction. Le soutien de la Fondation du Domicile participera au financement d’une véritable mesure d’impact.

L’objectif du projet d’essaimage est de fédérer, à l’horizon 2028, 1 000 organisations hôtes dans 50 villes en France, pour accueillir chaque soir des personnes en situation de précarité.

  • Dans quel contexte ce projet a-t-il vu le jour ?

Le projet des Bureaux du Coeur est né à Nantes, alors qu’un dirigeant d’entreprise, Pierre-Yves Loaëc, croisait tous les soirs en sortant du bureau une femme qui dormait sur la bouche d’aération du parking. En cet hiver particulièrement froid, une idée émerge dans la tête de Pierre-Yves : pourquoi ne pas proposer à cette femme de l’accueillir dans ses bureaux chauffés, qui disposent d’une cuisine, d’une douche, de toilettes.

Au printemps 2018, il réunit une dizaine de dirigeants du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) de Nantes afin de leur suggérer cette idée d’héberger des personnes précaires au sein des locaux de leurs entreprises, le soir et le week-end, lorsqu’ils sont vides, inutilisés et inutiles. Pendant plusieurs mois, ils travaillent à imaginer et à concevoir ce que seront les Bureaux du Coeur. Dans le même temps, ils reçoivent une dizaine d’associations dont la mission est l’aide aux personnes en grande précarité, afin de s’assurer de l’intérêt de l’initiative.

En novembre 2019, l’entreprise ACM Ingénierie héberge pour la première fois, au titre des Bureaux du Coeur, une femme qui dort dans sa voiture alors même qu’elle a un emploi stable. Après avoir repris pied, trouvé un logement pour elle et son fils, elle quitte les bureaux d’ACM Ingénierie au bout d’un mois, en y ayant trouvé du soutien et même une amitié avec son hôte, Claude.

Une première expérience réussie, qui mènera à la création officielle de l’association en janvier 2020.

  • Pouvez-vous nous décrire le projet et les bénéfices attendus ? 

En développant l’accueil de personnes en situation de précarité, les « invité·e·s », au sein de bureaux d’entreprises, les « hôtes », la nuit et le week-end, l’association les Bureaux du Coeur a pour mission de proposer à des personnes qui en ont besoin un « sas » d’une situation précaire vers le mieux.

Luc, 23 ans, dormait dans sa voiture alors qu’il avait un emploi. Sabine avait dû quitter son foyer, victime de violences conjugales. Grâce à notre accompagnement, ils ont trouvé refuge et stabilité dans le bureau d’une entreprise de leur ville, et ont repris le chemin d’une vie normale.

L’accueil, s’il n’est pas pérenne, constitue un domicile de reconstruction pour des personnes fragilisées, victimes de violences ou traumatisées. Il apporte à nos invité·e.s un espace de protection, digne, stable, sécurisé et favorable à la création de l’intimité. Au-delà du toit, la réparation passe également par le lien social et le sentiment d’appartenance qui vont de pair avec un accueil au sein de locaux d’organisations où se retrouvent tous les jours des collaborateurs. C’est ce lien humain qui sera crucial pour restaurer la confiance et l’équilibre mental de personnes qui ont été trop souvent mises en marge de la société.

  • Où en est l’expérimentation aujourd’hui ?

Aujourd’hui, ce sont plus de 760 personnes qui ont été accueillies au sein d’entreprises hôtes des Bureaux du Cœur. Nous avons même atteint un cap important : celui des 100 000 nuitées offertes à nos invité.e.s partout en France et en Europe. 100 000 nuits passées à l’abri, au chaud, en sécurité. 100 000 matins à partager quelques mots, un café, un sourire.

Outre l’impact sur la vie de nos invité.e.s, les changements positifs apportés à la société dans son ensemble sont aussi considérables : les Bureaux du Cœur offrent à l’organisation hôte l’opportunité de mettre en œuvre une action sociale et solidaire concrète et, surtout, aux salarié.e.s de ces organisations de changer de regard sur la précarité. “Croiser Alain presque tous les jours en arrivant au boulot, ça m’a permis de comprendre tellement de choses sur ce qu’on peut tous traverser. Il m’a ouvert les yeux” se confie Isabelle, de l’entreprise Haxoneo à Lille.

C’est ce double impact que nous entendons mesurer précisément à travers la mesure d’impact que nous lançons cette année, pour développer de réels indicateurs tangibles sur l’effet de ce domicile provisoire de reconstruction, sur le parcours de réinsertion de nos invité.e.s, sur les salarié.e.s et sur la société dans son ensemble.