L’Alliance pour la santé mentale agit comme une plateforme de débats, de propositions et d’actions pour construire la santé mentale de demain. Elle mobilise la société civile, les professionnels et les institutions pour faire de la santé mentale une priorité politique et sociétale, et construire la santé mentale de demain.

Fondée en janvier 2024, l’Alliance pour la Santé Mentale fédère plus de 3.000 acteurs travaillant dans le champ de la santé mentale en France pour une meilleure compréhension et prise en charge des enjeux liés à la santé mentale.

 

  • Pourquoi le sujet de la santé mentale émerge-t’il maintenant ?

La santé mentale fait pleinement partie de la santé. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, elle est définie comme « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté ».

Si nous avons toutes et tous une santé mentale dont nous devons et pouvons prendre soin, chaque année ce sont 13 millions de personnes, soit un Français sur cinq, qui souffrent d’une maladie psychique (dépression, troubles anxieux, TOC, troubles du comportement alimentaire, bipolarité, schizophrénie, etc…). Au cours de notre vie, un tiers d’entre nous souffrira à un moment ou à un autre d’une de ces maladies.

Pendant longtemps le sujet de la santé mentale a été invisibilisé et les troubles psychiques ont été stigmatisés car considérés comme honteux. La crise sanitaire a imposé la santé mentale, notamment celle des jeunes, comme un enjeu sociétal majeur. Avec la hausse des gestes suicidaires, le doublement des troubles dépressifs et anxieux chez les jeunes et l’explosion de la souffrance psychique en milieu professionnel, la détérioration de la santé mentale impacte aujourd’hui toutes les sphères de la société : l’école, l’université, le travail, l’espace public, notre vie sociale comme familiale.

Face à cette situation, les langues se délient et le sujet devient davantage visible. Des personnalités du monde artistique et culturel, des sportifs, des journalistes parlent et font évoluer les mentalités en montrant les parcours de rétablissement qui donnent de l’espoir.

C’est dans ce contexte que l’Alliance pour la santé mentale s’est mobilisée aux côtés d’un collectif représentant plus de 3.400 organisations travaillant dans le champ de la santé mentale (professionnels de santé, chercheurs, associations de personnes concernées, de proches, organismes d’information et de prévention, établissements de santé et médico-sociaux, etc.) pour faire du sujet une Grande cause nationale afin de mieux informer sur la santé mentale et les troubles psychiques, mener des actions de prévention et déstigmatiser le sujet pour que la France puisse, à l’instar de nombreux pays, améliorer la vie des personnes concernées.

  • Quels sont les liens entre domicile et santé mentale ?

En travaillant avec la Fondation du Domicile, nous nous sommes rendus compte que les liens entre domicile et santé mentale étaient très peu pensés et analysés alors qu’ils sont nombreux et structurants. Ils s’incarnent dans de nombreuses situations et sous-tendent des enjeux de société majeurs.

Pour commencer, le traitement des troubles mentaux est toujours lié à un questionnement sur le lieu de vie du patient et sur l’opportunité ou non de le maintenir dans son environnement, ou de l’y renvoyer après une hospitalisation pour préserver sa capacité à vivre chez lui. Aujourd’hui, 90% des patients suivis en psychiatrie ne sont jamais hospitalisés et vivent donc chez eux, avec leurs proches aidants comme principaux soutiens.

Si on s’intéresse à la santé mentale comme élément de la santé globale de tout un chacun, on s’aperçoit que le domicile a la particularité de pouvoir être identifié aussi bien du côté des facteurs de risques – lorsque le domicile est subi, qu’il est un lieu d’isolement, d’impuissance, de violence ou de privation de liberté – que du côté des facteurs de protection, lorsqu’il est le siège d’interactions sociales positives, qu’il est intégré dans un espace géographique porteur de liens sociaux et de cohésion, et qu’il s’apparente à l’espace personnel dans lequel on se sent en maîtrise et en sécurité. Ajoutons qu’un cadre de vie dégradé, bruyant, mal isolé, pollué, constitue un facteur de dégradation de la santé mentale, de même que le fait de ne pas avoir de domicile fixe et de devoir faire face à des changements constants de logement.

Notre domicile est à la fois notre lieu d’ancrage, l’espace de construction de notre identité et de nos ressources psychologiques, un espace de sécurité mais aussi de libertés : chez nous, nous sommes libres d’être nous-mêmes. De plus en plus c’est à partir de notre domicile que nous participons au monde qui nous entoure. Il suffit d’observer à quel point les Sans Domicile Fixe, sans adresse, sans domiciliation, sans abri, sont exclus de la participation sociale et de l’accès aux droits, bref de la citoyenneté, et donc de cette capacité à prendre part, à apporter sa contribution à la société qui participe de la bonne santé de tous (c’est l’une des dimensions de la définition de l’OMS).

C’est précisément parce qu’il remplit toutes ces fonctions que le domicile peut constituer un lieu de repos, de répit, dépassant l’approche du simple hébergement, pour reprendre des forces, reconstruire son identité, restaurer sa confiance et son équilibre mental, dit autrement un espace de réparation et de rétablissement dans des parcours de détresse psychologique réactionnelle.

Mais le domicile est perméable donc exposé. Il serait intéressant d’analyser comment certaines dimensions de nos modes de vie (le fait d’être exposé 24h/24h à une actualité de plus en plus anxiogène, le fait de travailler chez nous et de ne plus toujours bien savoir poser la limite entre l’intime et le professionnel au risque de laisser le travail envahir notre espace mental et privé, mais aussi avec des gains en autonomie organisationnelle) augmentent ou au contraire diminuent la charge mentale, et dans certains cas exposent ou à  l’inverse soutiennent notre santé mentale à tous.

  • Qu’attendez-vous de la Grande Cause ?

En raison notamment du déficit d’information sur le sujet de la santé mentale et du fait de la stigmatisation, 50% des personnes concernées par des troubles psychiques le cachent ou ne savent pas vers qui se tourner. Cette situation impacte fortement le recours précoce aux soins qui constitue une des meilleures chances de guérison.

De plus, les comportements bénéfiques à la santé mentale sont méconnus et peu valorisés, la souffrance psychique étant trop souvent perçue comme une faiblesse ou un signe de folie. 75% des Français estiment être mal informés sur les troubles, leurs symptômes, les comportements à adopter ou encore les traitements existants.

En faisant de la santé mentale la Grande cause nationale, la France a franchi une étape historique : le sujet devient enfin une priorité des politiques publiques et ne constitue plus un tabou. Tout au long de l’année 2025, et bien sûr après cette année charnière, le sujet est mis en avant et abordé par de nombreux acteurs de la société civile (mondes économique, culturel, de la jeunesse, du sport, collectivités locales, logement, etc.).

Les déterminants d’une bonne santé mentale sont très nombreux : les conditions socio-économiques, le sommeil, le lien social, les conditions de travail, l’activité physique, les compétences psychosociales…et bien sûr le cadre de vie. Une approche interministérielle était donc nécessaire sur ce sujet qui ne se résume pas à la psychiatrie, loin s’en faut.

La Grande cause nationale permet d’avancer sur quatre aspects :

  1. Informer largement sur la santé mentale : faire en sorte que chacun puisse mieux comprendre ce qu’est la santé mentale ; apprendre dès le plus jeune âge à identifier les facteurs de risque susceptibles de la mettre à mal et les actions qui permettent d’en prendre soin ; mieux connaître les maladies qui s’y rapportent.
  2. Accélérer la prévention des troubles psychiques : mettre en place une véritable politique de promotion de la santé mentale en agissant sur l’ensemble des déterminants, faire progresser la prévention, développer le repérage précoce et les réponses graduées pour une prise en charge de la souffrance psychique à la hauteur des besoins de notre société, en formant et informant sans relâche.
  3. Déstigmatiser la santé mentale : faire évoluer les représentations sur les troubles psychiques pour restaurer l’espoir et faciliter le recours précoce aux soins en montrant que le rétablissement est possible, que la recherche et les innovations peuvent améliorer la vie de ceux qui souffrent de même que la vie de leurs proches.
  4. Favoriser l’accès aux soins pour les personnes en souffrance psychique.

Rendez-vous à l’évènement « Cap sur la santé mentale » du 19 au 21 novembre 2025, sur le parvis de la gare Montparnasse. La Fondation du Domicile est partenaire de l’évènement.